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Le métier de gemmeur

Rédigé le Vendredi 11 Avril 2025 à 08:00 Mis à jour le Mercredi 2 Avril 2025



Le métier de gemmeur
Le métier de gemmeur
Le métier de gemmeur, bien plus qu'une simple profession, est un art ancestral qui se transmet de génération en génération, souvent de père en fils. Les enfants s'exerçaient sur de jeunes pins, appelés "pignots", cachés au cœur de la parcelle pour éviter les regards critiques des voisins. Les arbres en bordure de parcelle étaient, quant à eux, soignés avec une attention particulière, servant de vitrine au savoir-faire du gemmeur. Cette fierté professionnelle nourrissait une saine compétition entre les résiniers, chacun s'efforçant de commencer sa journée plus tôt et de la terminer plus tard que son voisin.

L'apprentissage du gemmage s'étendait sur trois ans, le défi majeur résidant dans l'aiguisage des outils. Un hapchot mal affûté ne permettait pas de réaliser des "carres" nettes et précises, essentielles pour une récolte efficace de la résine. Le processus d'affûtage était méticuleux : il fallait amincir le métal au niveau du tranchant, utiliser le "piquefer" pour affiner l'extrémité, puis polir avec trois pierres de granulométrie décroissante. Le test ultime ? Raser les poils du bras ou des jambes avec l'outil fraîchement aiguisé.
La vie du gemmeur était rythmée par les saisons. Durant la campagne de gemmage, ils passaient la semaine en forêt, logeant parfois seuls dans des cabanes rudimentaires. Le dimanche était consacré au retour au village pour la messe et les retrouvailles familiales. En hiver, les activités changeaient : entretien de la forêt, coupe de bois, débardage et entretien des chemins.

Les journées commençaient à l'aube. Armé de son hapchot et de son "pitey" (une sorte d'échelle à un seul montant), le gemmeur parcourait la forêt, s'occupant quotidiennement de milliers de pins. Lorsque la "carre" était trop haute, il utilisait le pitey pour grimper avec agilité et précision, réalisant la "pique" pour stimuler l'écoulement de la résine. Le soir venu, il s'installait devant sa cabane pour aiguiser son outil, préparant déjà la journée suivante.

Les femmes et les enfants jouaient également un rôle crucial. Ils participaient à la collecte de la résine, ramassaient les "galips" (copeaux de bois résineux) et les pommes de pin pour alimenter le feu. Certaines familles vivaient toute l'année dans ces cabanes forestières, souvent comparées à des "huttes de sauvages" par les voyageurs de l'époque. Autour de ces habitations, on trouvait des clairières avec des chênes, des arbres fruitiers, parfois un potager et un poulailler, reflétant une vie simple mais profondément connectée à la nature.

Ainsi, le gemmage n'était pas seulement une activité économique, mais un mode de vie, une tradition riche en savoir-faire et en valeurs humaines, ancrée au cœur des forêts landaises.

Gemmeur dans la forêt des Landes
Gemmeur dans la forêt des Landes

Sébastien Sabattini
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