Mouette de Sabine échouée sur le banc d’Arguin : l’interview exclusive

Rédigé le Lundi 13 Novembre 2023 à 08:00 Mis à jour le Vendredi 17 Novembre 2023



Mouette de Sabine sur le banc d’Arguin
C'est moi, la Mouette de Sabine, qui prends la plume aujourd'hui pour partager avec vous les événements extraordinaires qui ont secoué le Banc d'Arguin au cours des dernières semaines.

Permettez-moi de vous emmener dans cette aventure passionnante au cœur de la Réserve Naturelle Nationale du Banc d'Arguin.

La côte girondine a été le théâtre de tempêtes successives, déferlant avec une puissance impressionnante.

En première ligne de cette tempête, le Banc d'Arguin a vu sa pointe Sud déjà fragilisée céder face à l'assaut incessant des vagues et du vent.

La végétation qui peuplait ce secteur a quasiment disparu, engloutie par la mer, laissant derrière elle une grande langue de sable qui a recouvert une partie de la conche sud.

Mais ne vous méprenez pas, le Banc d'Arguin a survécu à bien des épisodes similaires par le passé.

Les archives manuscrites datant de décembre 1981 témoignent déjà de la résilience de ce lieu exceptionnel.

La pointe Sud avait alors disparu sous les eaux à marée haute, et la pointe Nord avait subi de sérieuses attaques.

Aujourd'hui, l'histoire se répète, mais le Banc d'Arguin demeure, indomptable.

Cette perte de superficie soulève cependant des questions cruciales pour les huitriers pies et les gravelots à collier interrompu qui nichent sur la Réserve.

Nous espérons ardemment que la dune se régénérera d'ici le printemps, offrant un espace adéquat aux couples nicheurs de la pointe sud.

Mais au milieu des tourments, la tempête a aussi révélé des moments magiques pour un observateur comme moi.

Les vents violents ont chassé des oiseaux pélagiques vers la côte, offrant ainsi des observations exceptionnelles d'océanites culblancs, de sternes arctiques et pierregarin, de phalaropes à bec large, et bien sûr, de mouettes de Sabine, ma propre espèce.

Mon périple, qui débute au nord de l'Amérique, m'amène à traverser l'Atlantique sur près de 40 000 km, croisant au large de l'Europe et du Golfe de Gascogne.

Cet automne 2023 a été particulièrement remarquable, avec l'un des plus importants afflux documentés de mouettes de Sabine le long du littoral.

Au-delà des dégâts apparents, la tempête a laissé sur la plage une véritable aubaine pour les curieux.

Parmi les bois flottés et les débris végétaux, les agents de la Réserve ont découvert le cadavre d'un puffin de Macaronésie, une espèce rare en Europe, et une Janthine, un petit escargot marin dérivant à la surface de l'océan grâce à un radeau de bulles qu'il construit lui-même.

Ainsi, malgré les défis, le Banc d'Arguin continue de nous émerveiller et de révéler ses trésors cachés.

Restez à l'affût des nouvelles aventures au cœur de cette réserve naturelle exceptionnelle.

À bientôt,

La Mouette Sabine

NB :
J’en profite pour passer un coucou à  Adrien, garde de la RNN du Banc d'Arguin, Fédération SEPANSO, Réserves naturelles de France qui m’a inspiré ce texte.

Qui suis-je ?

Présentation de la mouette de Sabine aux habitants du bassin d’Arcachon
Puisque l’on s’est rarement vu, je me présente, mon nom est mouette, mouette de Sabine.

Je suis de l’ordre des Charadriiformes, famille Laridés, genre Xema, et espèce sabini par Sabine en 1819.

Mes mensurations vont de 33 cm de taille à une envergure de 81 à 87 cm, avec un poids variant de 155 à 213 g.

En plumage nuptial, je présente un capuchon gris, un bec noir à pointe jaune, un corps blanc avec un manteau gris foncé et des ailes bicolores.

En hiver, une nuance sombre apparaît à la nuque, et mes rémiges primaires usées perdent leur extrémité blanche.

Mon cri distinctif, un "krrr" roulé, résonne en dehors des sites de nidification. Nicheuse localisée dans la toundra, ma migration vers le sud, depuis le Groenland ou le Canada, me conduit parfois au golfe de Gascogne et au sud-ouest de la Grande-Bretagne lors des tempêtes d'ouest.

Grégaire, je migre en troupes vers le sud après la nidification, atteignant parfois les côtes chiliennes. Mon pic de migration se situe d'août à septembre, avec des retours d'avril à juin.

Mon alimentation varie entre insectes et larves en été, et crustacés, poissons, et autres créatures marines pendant la migration.

Reproductrice en colonies, mes nids au sol abritent généralement deux œufs. Mes parents se relaient pour couver pendant trois semaines et demie avant de guider les oisillons vers un point d'eau.

Voilà un aperçu condensé de ma vie mouvementée en tant que Mouette de Sabine, je suis une créature rare mais fascinante qui émerveille par ses migrations et son comportement grégaire alors, je crois que je mérite  bien ma présence dans le blog du bassin d’Arcachon.
 

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